
Procès de P. Diddy: place aux plaidoiries finales

Après des semaines de témoignages souvent pénibles sinon bouleversants, les avocats entament jeudi leurs plaidoiries dans le procès pour trafic sexuel du magnat du hip-hop P. Diddy.
L'accusation et la défense ont déjà indiqué cette semaine que leurs plaidoiries pourraient durer chacune plusieurs heures devant les jurés réunis au tribunal fédéral de Manhattan pour la dernière ligne droite de ce procès entamé au mois de mai.
Figure incontournable du hip-hop de ces trois dernières décennies, Sean Combs, dit P. Diddy, qui a aussi fait fortune dans la mode et les alcools, comparaît pour trafic à des fins d'exploitation sexuelle et entreprise criminelle.
Agé de 55 ans, il est accusé d'avoir forcé des femmes, dont son ex-petite amie de 2007 à 2018, la chanteuse Cassie, à se livrer à des marathons sexuels avec des hommes prostitués. Selon l'accusation, les employés de P. Diddy devaient notamment se charger de livrer des drogues aux victimes pour qu'elles se soumettent et faire en sorte qu'elles se taisent.
Le rappeur a plaidé non coupable. Sa défense concède des épisodes de violence, mais affirme que les femmes participaient de leur plein gré aux rapports sexuels avec d'autres hommes, voire qu'elles témoignaient par jalousie ou pour l'appât du gain.
- Témoignages, SMS et vidéos -
Au cours des sept dernières semaines, les jurés ont entendu une trentaine de témoins, dont Cassie, et une ancienne petite amie de P. Diddy plus récente identifiée sous le pseudonyme Jane, qui ont chacune affirmé avoir été forcée de participer à ces marathons sexuels, nommés "freak-offs".
Outre les victimes présumées, ont témoigné au tribunal de Manhattan d'anciens assistants de la star du rap, des proches de Cassie et l'agent de sécurité d'un hôtel qui a déclaré avoir reçu 100.000 dollars dans un sac en papier kraft en échange d'une vidéo compromettante.
Cette vidéo, capturée en mars 2016 par une caméra de surveillance d'un chic hôtel de Los Angeles, et diffusée par la chaîne de télévision CNN l'an dernier, montre P. Diddy traîner Cassie au sol et lui porter plusieurs coups, puis lui arracher son téléphone des mains.
P. Diddy a, lui, choisi de ne pas témoigner, une stratégie courante de la défense qui n'a pas à prouver l'innocence de son client, mais plutôt à semer un doute raisonnable chez les membres du jury quant aux accusations des procureurs.
Ces derniers ont présenté des milliers de pages de transcriptions de conversations téléphoniques ou d'échanges de SMS qui semblaient témoigner de la détresse des victimes présumées. Mais des messages de désir et d'affection ont été aussi retranscrits et utilisés par les avocats de la défense à de nombreuses reprises.
Les jurés ont aussi visionné des vidéos de ces marathons sexuels, qualifiés de criminels par les procureurs, mais présentés comme consensuels et participant d'un mode de vie "polyamoureux" par la défense de P. Diddy.
Les procureurs ont aussi présenté de nombreux documents financiers, notamment des paiements effectués via l'application CashApp à des prostitués masculins et des relevés de chambres d'hôtel et de trajets en avion, visant à prouver le transport de personnes à des fins sexuelles.
- Délibérations -
Les appareils électroniques sont interdits en salle d'audience. Mais à chaque pause durant les débats, les créateurs de contenus sur TikTok, Instagram ou YouTube se précipitent sur les trottoirs devant le tribunal, calent leur téléphone sur un trépied pour raconter avec entrain les moindres péripéties de la salle d'audience.
P. Diddy, incarcéré dans une prison de Brooklyn, n'entre et ne sort jamais du tribunal devant le public, contrairement aux membres de sa famille ou à des célébrités venues témoigner au procès, comme Kanye West, autre ténor du hip-hop.
Les plaidoiries pourraient se terminer vendredi mais il y a peu de chance que les jurés, qui ont d'ailleurs reçu l'instruction de ne pas suivre l'actualité entourant cette affaire hypermédiatisée, commencent à délibérer sur-le-champ.
L'accusation et la défense s'attendent plutôt à un début des délibérations lundi. P. Diddy risque la prison à vie.
U.Miranda--HdM