
Le jury sur le point de délibérer du sort de P. Diddy, accusé de trafic sexuel

Coupable ou non coupable? Après des semaines de témoignages et des plaidoiries musclées, les jurés doivent commencer lundi à délibérer dans le procès du magnat du hip-hop P. Diddy accusé d'avoir poussé des ex-copines à participer sans leur consentement à des marathons sexuels.
Après avoir écouté une trentaine de témoins, épluché des milliers de pages de retranscription de conversations téléphoniques ou d'échanges de SMS, de documents financiers, les 12 jurés doivent se prononcer sur le sort de la figure incontournable du hip-hop.
P. Diddy est accusé d'avoir forcé des femmes - dont sa petite amie de 2007 à 2018, la chanteuse Cassie, et une ex plus récente ayant témoigné sous le pseudonyme de "Jane" - à se livrer à des marathons sexuels avec des hommes prostitués pendant qu'il se masturbait ou filmait.
"Il ne s'agissait absolument pas de choix libres", avait répété dans son réquisitoire la procureure Christy Slavik, précisant que les victimes présumées "étaient droguées, badigeonnées d'huile, épuisées et avaient mal".
- Très médiatisé -
P. Diddy, de son vrai nom Sean Combs, "n'acceptait pas le +non+ comme une réponse possible", avait-elle insisté, en rappelant le contrôle qu'il exerçait sur son ex-compagne "Cassie" et les loyers payés pour son autre ex, Jane, devenue financièrement dépendante de lui.
"Elle (Cassie) a toujours été libre de quitter. Elle avait choisi de rester parce qu'elle était amoureuse de lui et qu'il était amoureux d'elle (...), elle aime le sexe et grand bien lui en fasse", avait rétorqué Marc Agnifilo, l'avocat du rappeur passible de la prison à vie.
Les jurés avaient reçu l'instruction de ne pas suivre l'actualité entourant l'affaire, une vaste tâche alors que le procès inonde les médias traditionnels ou les réseaux sociaux avec des influenceurs sur place qui en décortiquent à leur manière chaque détail.
Lundi matin au tribunal pénal de Manhattan, le juge Arun Subramanian a commencé à donner ses instructions aux 12 jurés en leur expliquant notamment la notion de doute raisonnable et les différents types de preuves. Puis, les jurés devront commencer à délibérer.
P. Diddy a plaidé non coupable et choisi de ne pas témoigner, une stratégie courante de la défense aux Etats-Unis. Ses avocats n'ont pas à prouver l'innocence de leur client, mais plutôt à semer un doute raisonnable chez les membres du jury quant aux accusations des procureurs.
- "Pas Dieu" -
Durant le procès, ils ont tout fait pour discréditer les témoins à charge à coups de contre-interrogatoires musclés et tenté de montrer que leur client avait un style de vie "polyamoureux" qui ne tombe pas sous le coup du droit pénal.
Cassie a été soumise à un feu roulant de questions, visant à lui faire concéder qu'elle participait de son plein gré aux parties sexuelles avec d'autres hommes.
"Je suis toujours prête" pour un "freak-off", avait-elle écrit à son compagnon en 2009, en référence au nom donné à ces marathons sexuels. La chanteuse n'a pas contesté, tout en expliquant qu'elle était sous l'emprise du fondateur du label Bad Boy Records dont la fortune est évaluée à 700 millions de dollars selon le magazine Forbes.
Cassie et "Jane" ont admis que leur relation respective impliquait de l'amour, mais qu'elles étaient dans le même temps soumises à des menaces liées à leur réputation, à leur situation financière et à leur intégrité physique.
"Il (P. Diddy) avait tellement dépassé les bornes qu'il ne pouvait même plus les voir", avait déclaré une autre procureure, Maurene Comey, disant que le rappeur se sentait "intouchable". "Mais l'accusé n'est pas Dieu", avait-elle dit aux jurés.
U.Miranda--HdM