Décès de Daniel Bilalian, ancien présentateur et figure de France Télévisions
Daniel Bilalian, ex-présentateur des journaux télévisés d'Antenne 2 puis France 2 et ancien patron du service des sports de France Télévisions, est décédé mercredi à l'âge de 78 ans, a annoncé sa famille jeudi à l'AFP.
Figure de l'audiovisuel bien connue des téléspectateurs pendant plus de 40 ans, il avait pris sa retraite à l'automne 2016, à presque 70 ans. Il avait depuis disparu des écrans.
Daniel Bilalian est décédé de maladie à son domicile, à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), où il était conseiller municipal.
C'est "la disparition d'un grand nom du service public", a affirmé le journaliste Julian Bugier en ouverture du 13H00 sur France 2, disant "l'immense tristesse" de ses anciens collègues.
L'expression souvent grave, "Bil'" -- comme il était surnommé -- a été successivement grand reporter, présentateur et rédacteur en chef des journaux de 13h00 et de 20h00. Il a également produit les magazines "Star à la barre" et "Mardi soir", et présenté des soirées électorales.
Parmi les nombreuses personnalités de l'audiovisuel à saluer sur X Daniel Bilalian, l'ancien journaliste sportif Patrick Chêne, qui a aussi présenté le JT de 13H00 sur France 2, a relevé "son élégance et son humour très british".
"Sa bienveillance, sa passion pour l'actualité et le service public de l'information m'ont fait grandir dans ce métier", lui a rendu hommage Agnès Vahramian, directrice de la radio franceinfo.
Côté politique, la ministre de la Culture, Rachida Dati, a jugé qu'il "incarnait la rigueur d’un journalisme exigeant et passionné", tandis que le président Renaissance de la Région Sud, Renaud Muselier, a fait valoir que "sa voix a marqué des générations, à travers l’info comme les grands moments de sport".
Le Tour de France a, pour sa part, évoqué un "grand ami et défenseur" de la course cycliste.
"Il était d'une efficacité dans les négociations sportives absolument incroyable! Il me bluffait", a relaté sur France 2 l'ancien directeur général du groupe public Patrice Duhamel. Diffusion du Tour de France ou des JO, "c'est à Daniel Bilalian qu'on le doit" finalement, selon lui.
Né le 10 avril 1947 à Paris d'un père arménien (qui était tailleur) et d'une mère originaire du Pas-de-Calais, Daniel Bilalian avait débuté sa carrière au quotidien l'Union de Reims en 1968.
Il était entré à l'ORTF au bureau régional d'information de Reims en 1971 puis de Lille en 1972, avant de rejoindre la direction nationale d'Antenne 2 au service de politique intérieure. Une "maison" qu'il ne quittera plus, entre journalisme politique, JT puis service des sports.
- "Journaliste viscéral" -
C'est là que le journaliste passera les 12 dernières années de sa carrière (2004-2016), en qualité de directeur du service des sports de France Télévisions, malgré des critiques en interne et des polémiques.
Parmi elles: l'intégration d'Elodie Gossuin, Miss France 2001, dans le dispositif de couverture du Dakar, une crise à la rédaction de Stade 2 ou encore une motion de défiance à son encontre.
Lui a été reprochée également la couverture des JO de Sotchi en 2014 et certains commentaires sportifs jugés sexistes et approximatifs.
Il avait défendu mordicus sur Europe 1 le tandem constitué de Philippe Candeloro et Nelson Monfort, auteurs de commentaires sexistes lors de ces mêmes JO, expliquant que "ces événements (...) ne sont que du sport, du divertissement, propres à la plaisanterie, à l'enthousiasme, au patriotisme".
"Les journalistes ont commenté avec de l'enthousiasme, peut-être parfois de l'excès d'enthousiasme, de superlatifs ? Et alors, est-ce qu'on peut leur en faire le reproche ? Je leur ai dit que, quand on est au centre de l'actualité, on est au centre des critiques", s'était-il encore défendu.
Rebelote en 2016 avec les Jeux de Rio: une polémique avait éclaté après des propos jugés approximatifs, voire "colonialistes", de deux présentateurs, dont Daniel Bilalian. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA, désormais Arcom) avait mis en garde la chaîne, déplorant des "approximations" et des "erreurs historiques regrettables".
Il avait été remplacé à ce poste très exposé par Laurent-Eric Le Lay, ancien cadre de TF1.
"Journaliste viscéral", il continuait ces dernières années "de lire toute la presse et de suivre la politique", a témoigné son ancien collègue et ami Gérard Holtz sur CNews jeudi.
D.Prieto--HdM