
Aux assises, la soirée de l'"imprévisible" Kim Kardashian racontée par son personnel

Leur métier, disent-ils, c'est d'être discret, disponible, quelles que soient les envies de leur clientèle de luxe. Encore plus quand elle s'appelle Kim Kardashian. Au procès du braquage parisien de la star américaine, chauffeurs et garde du corps ont raconté cette "fameuse" soirée du 2 octobre 2016.
Michaël Madar a 48 ans, le crâne rasé et des petites lunettes. Il a fui à Dubaï depuis cette affaire, une "téléréalité judiciaire" qui lui a valu une brève garde à vue. Son petit frère est lui sur le banc des accusés, soupçonné d'avoir transmis aux malfrats des informations ayant permis le braquage de 9 millions d'euros de bijoux.
A l'époque des faits, Michaël Madar dirige "la meilleure société" de conciergerie et de transports de Paris - "d'ailleurs tous les concurrents se sont délectés de notre chute", grince le témoin amer. Le couple Kanye West et Kim Kardashian est un gros client, qui lui rapporte 300-400.000 euros par an.
Pendant cette Fashion week 2016, c'est lui qui conduit Kim Kardashian, de défilés "où ils n'attendent qu'elle pour commencer le show" en rendez-vous, soirées ou dîners. Le rythme est intense, mais la vedette est "hyper cordiale", toujours un "good night ou merci" souligne Michaël Madar.
Parfois quand il la ramène à l'hôtel, sourit-il devant la cour d'assises de Paris, elle lui demande d'arrêter la voiture "au milieu de la rue" pour faire les dernières mètres sous les flashs des paparazzis qui la suivent "partout, tout le temps".
La vie parisienne des Kardashian intéresse beaucoup son petit frère Gary Madar, qui travaille régulièrement pour lui, à en croire les nombreux messages qu'il envoie.
"Lol la tenue d'hier". "Et ce soir, elles vont encore sortir les oufs ?", demande-t-il le matin du braquage.
"Une discussion de frères, y a rien d'étrange", balaie Michaël Madar.
Le soir des faits, le 2 octobre, Kim Kardashian et ses soeurs hésitent à ressortir. "Ca se joue en 10 minutes", "ces gens-là sont imprévisibles". Kim décide finalement de rester, mais pas sa soeur Kourtney et ses amies qui veulent aller en boîte de nuit.
Michaël Madar, "lessivé", qui travaille depuis "21 heures" consécutives et doit être à 7H30 à l'hôtel pour emmener Kim Kardashian à l'aéroport le lendemain, appelle un chauffeur pour le remplacer.
- "Ils sont partis" -
Ce sera Mohamed Q., jean et sweat noirs, 35 ans, pas ravi d'être à la barre. "Je sais même pas pourquoi je suis là".
C'est pourtant lui qui est rentré en trombe et en catastrophe à l'hôtel vers 3H00 du matin, avec le garde du corps qui avait suivi l'autre soeur Kardashian en boîte de nuit.
"Je me rends compte que Kim a essayé de m'appeler, je la rappelle, elle ne répond pas. Et je reçois un message de sa styliste qui me dit qu'elle entend du bruit et des pas", décrit le garde du corps Pascal D., 52 ans, entendu en visioconférence depuis les Etats-Unis.
Il saute dans la voiture du chauffeur. "Roule vite, appelle la police" dit-il à Mohamed Q. qui s'exécute.
Les deux hommes se ruent dans l'hôtel. Enfin, Mohamed Q. , qui souffre visiblement d'une "amnésie totale" comme ironise l'avocate générale, est persuadé qu'il est resté sur le trottoir. Avant que le président de la cour ne lui rappelle que c'est lui qui avait découvert le réceptionniste "pieds et poignets" liés dans l'escalier de service.
"Je me souviens pas".
"Vous ne vous souvenez pas d'avoir vu un homme ligoté ?", s'étonne le président David De Pas. "Vous avez pas du tout été marqué par cette histoire ?".
"Ah non franchement pas du tout".
Mais "le monde entier est au courant", s'étrangle le magistrat.
Heureusement pour la cour, Pascal D. a meilleure mémoire. "Quand j'arrive à l'hôtel, le réceptionniste n'est pas là. Je vois que l'ascenseur est au niveau 1, l'étage où logeait Kim".
"Ils sont partis", indique le réceptionniste ligoté dans les escaliers. Pascal D. se précipite, trouve Kim Kardashian "dans tous ses états, elle pleure hystériquement".
"Je demande ce qu'il s'est passé, elle me dit qu'elle vient de se faire voler".
L'audience reprend lundi, Kim Kardashian témoignera mardi.
C.Valero--HdM