Syrie: affrontements autour de Soueida, l'ONU réclame des enquêtes
Des affrontements ont opposé vendredi en Syrie des combattants tribaux proches du pouvoir syrien aux groupes druzes encerclés dans la ville de Soueida (sud), d'où les forces gouvernementales se sont retirées sous la pression d'Israël, laissant derrière elles un grand nombre de victimes.
L'ONU a appelé a arrêter "l'effusion de sang" et demandé des enquêtes "rapides" et "transparentes" sur les affrontements dans le sud de la Syrie, qui ont fait près de 600 morts en quelques jours.
Ces violences fragilisent encore plus le pouvoir du président intérimaire, Ahmad al-Chareh, qui a renversé, à la tête d'une coalition de groupes rebelles islamistes le président Bachar al-Assad en décembre, dans un pays meurtri par près de 14 ans de guerre civile.
Les forces gouvernementales s'étaient retirées jeudi de la ville à majorité druze de Soueida, M. Chareh, affirmant sa volonté d'éviter une "guerre ouverte" avec Israël qui dit vouloir protéger la minorité druze.
Un cessez-le-feu a été conclu mais la présidence syrienne a accusé jeudi soir les combattants druzes de l'avoir violé.
Vendredi matin, des affrontements aux portes de Soueida ont opposé des combattants tribaux proches des autorités aux groupes druzes, selon les belligérants et une ONG. Les correspondants de l'AFP à Soueida et dans ses environs entendaient les échanges de tirs.
- "Priorité absolue" -
Dans la ville même, privée d'eau et d'électricité et où les communications sont coupées, "la situation est catastrophique. Il n'y a même plus de lait pour nourrissons", a déclaré à l'AFP le rédacteur en chef du site local Suwayda 24, Rayan Maarouf.
Israël va envoyer de l'aide humanitaire aux druzes de Syrie, qui comprendra des colis alimentaires et des fournitures médicales, a indiqué vendredi le ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar.
De son côté, le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits humains, Volker Türk, a demandé vendredi que l'effusion de sang et la violence cessent, soulignant que la protection de toutes les personnes devait être "la priorité absolue".
"Des enquêtes indépendantes, rapides et transparentes doivent être menées sur toutes les violations, et les responsables doivent être amenés à rendre des comptes", a-t-il ajouté dans un communiqué, demandant aux autorités syriennes d'y veiller.
Israël a par ailleurs démenti avoir mené une frappe jeudi soir près de Soueida, comme l'avait affirmé l'agence officielle syrienne Sana.
"L'armée israélienne n'a pas connaissance de frappes nocturnes en Syrie", a déclaré à l'AFP un porte-parole militaire.
Mercredi, Israël avait bombardé plusieurs cibles au coeur de Damas dont le QG de l'armée, faisant trois morts selon les autorités.
Les Etats-Unis, alliés d'Israël et affichant leur soutien au nouveau dirigeant syrien malgré son passé jihadiste, ont affirmé jeudi n'avoir apporté aucun soutien aux frappes israéliennes en Syrie.
Les combats avaient commencé dimanche entre les groupes druzes et des tribus bédouines locales, qui ont des relations tendues depuis des décennies.
Le pouvoir syrien, disant vouloir rétablir l'ordre, avait déployé ses forces mardi à Soueida, jusque-là contrôlée par des combattants druzes. L'OSDH, des témoins et des groupes druzes ont toutefois accusé les forces syriennes d'avoir combattu au côté des bédouins et d'avoir commis des exactions.
- Maisons et commerces brûlés -
Vendredi matin, des combattants de tribus arabes sunnites, qui ont afflué de différentes régions syriennes pour prêter main forte aux bédouins, étaient massés dans plusieurs villages autour de Soueida, selon trois correspondants de l'AFP sur place.
Un chef tribal, Anas Al-Enad, a affirmé au correspondant de l'AFP près du village de Walgha être venu avec ses hommes de la région de Hama (centre) "en réponse aux appels à l'aide des bédouins".
Un correspondant de l'AFP a vu des maisons, des commerces et des voitures brûlés ou encore en train de brûler, dans le village druze de Walgha désormais sous contrôle des forces tribales et des bédouins.
Selon l'OSDH, "les combattants tribaux sont encouragés et soutenus par les autorités syriennes qui ne peuvent plus se déployer à Soueida en raison des menaces d'Israël".
Présente principalement à Soueida, la communauté druze de Syrie comptait avant la guerre civile quelque 700.000 personnes. Cette minorité ésotérique issue d'une branche de l'islam est aussi implantée au Liban et en Israël.
E.Pineda--HdM