
Incendie dans l'Aude: 10.000 hectares détruits, neuf blessés, l'A9 fermée

Un incendie de forêt d'une intensité exceptionnelle continue de faire rage mercredi dans le massif des Corbières, dans l'Aude, après avoir déjà ravagé en quelques heures 10.000 hectares de végétation, fait au moins neuf blessés et provoqué la coupure de l'A9, principal axe autoroutier entre la France et l'Espagne.
Depuis son déclenchement, peu après 16h00 mardi, l'incendie se propage très vite et doit atteindre dans la nuit l'autoroute A9, qui longe la Méditerranée.
Là, "on va positionner beaucoup de moyens sur l'autoroute afin d'attaquer le feu à cet endroit, ce qui pourrait constituer une barrière" à la progression des flammes, a expliqué la secrétaire générale de la préfecture de l'Aude Lucie Roesch, jointe par l'AFP.
Non loin de là, dans la commune touristique de La Palme, deux campings hébergeant environ 500 vacanciers ont été évacués.
Mardi en fin d'après-midi, les flammes, attisées par le vent soufflant en rafales, ont sauté de forêts en broussailles, avant de fondre sur le village de Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, où au moins huit maisons ont brûlé.
"Quand on a vu le vent tourner dans notre sens, on a évacué la coopérative. Le feu a foncé sur le village à une vitesse impressionnante, le village a été quasiment encerclé par les flammes, le feu passait d'une maison à l'autre. Des feux, on en voit chaque année, mais comme ça, jamais", témoigne Anael Payrou, le directeur de la cave coopérative.
Sept pompiers et deux autres personnes ont été blessés, "dont une personne en urgence absolue, gravement brûlée", selon la préfecture.
Dans un message sur X, le président Emmanuel Macron a adressé un message de soutien aux pompiers et aux sinistrés. "Tous les moyens de la Nation sont mobilisés", a-t-il assuré, appelant à "la plus grande prudence".
- Campings évacués -
Les vacanciers des campings de Lagrasse et de Fabrezan ont été évacués de façon préventive, ainsi qu'une trentaine de maisons à Tournissan, un autre village du secteur.
Le feu a pris dans plusieurs jardins, où des habitants tentaient de contrer l'avancée des flammes à l'aide de tuyaux d'arrosage, parfois chaussés de tongs, a constaté un photographe de l'AFP.
"Le vent est en train de faiblir. A la faveur de la nuit, il y a un peu plus d'humidité. On peut espérer que le feu progresse moins vite cette nuit", a observé Lucie Roesch.
Sur place, 1.250 pompiers sont mobilisés. Jusqu'à la tombée de la nuit, neuf Canadair, cinq Dash et deux hélicoptères bombardiers d'eau, soit "le maximum des capacités nationales", a-t-elle souligné, se sont relayés au-dessus du brasier, sans parvenir à le maîtriser.
Dans les villages de Lagrasse, Fabrezan, Tournissan, Coustouge, Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, la solidarité s'organise, des salles communales accueillent les personnes évacuées ou des sinistrés.
De nombreuses routes départementales sont fermées à la circulation pour faciliter le travail des pompiers, et 5.000 foyers sont privés d'électricité dans une vingtaine de villages.
- Rester confiné -
"Il est demandé aux populations de rester confinées à l'intérieur de leurs habitations sauf ordre d'évacuation donné par les sapeurs-pompiers", a insisté la préfecture, appelant à s'informer via les sources officielles, sans relayer de "fausses informations".
Miné par une sécheresse persistante qui rend facilement inflammable la végétation, le département avait été placé mardi en vigilance rouge aux feux de forêt, avec un risque "très élevé" d'incendie, alors qu'un épisode de chaleur s'installe sur le sud-ouest de la France, selon Météo-France.
Depuis le début de l'été, plusieurs incendies ont eu lieu dans l'Aude. L'un d'eux, début juillet, le plus important dans le département depuis 40 ans, avait parcouru 2.000 hectares près de Narbonne.
Affectée également par l'arrachage de vignes, qui avaient une fonction de coupe-feu naturel, l'Aude a connu une forte augmentation des surfaces brûlées ces dernières années.
Le directeur de la cave coopérative de Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse redoute le lever du jour mercredi, craignant la perte de la production de 400 hectares de vigne. "On eu le gel en 2022, la sécheresse en 2023 et 2024, a-t-il énuméré, et cette année le feu. On a l'impression qu'on est maudits. On devait vendanger dans 15 jours...".
"On a dû arracher des milliers d'hectares, on a enlevé des pare-feux naturels", a-t-il regretté.
A.Montoya--HdM