
Trump parle à Poutine pour pousser à un cessez-le-feu en Ukraine

Donald Trump s'est entretenu lundi avec Vladimir Poutine au téléphone avec l'objectif, a dit le président américain, de "mettre fin au bain de sang" en Ukraine, après des pourparlers infructueux entre Kiev et Moscou la semaine dernière.
La Maison Blanche a confirmé que l'appel avait bien commencé dans la matinée à Washington. Lors d'un point presse plus tôt, la porte-parole Karoline Leavitt avait déclaré que l'objectif de Donald Trump serait de "voir ce conflit prendre fin", ajoutant que le président américain était devenu "las et frustré" de l'attitude de Moscou et Kiev.
Les pourparlers de paix vendredi entre Ukrainiens et Russes, les premiers depuis 2022, n'ont pas abouti au cessez-le-feu réclamé par l'Ukraine et ses alliés, les attaques meurtrières se poursuivant sur le terrain.
Après cette rencontre à Istanbul, qui a mis en exergue le gouffre entre les positions de Moscou et Kiev, Donald Trump avait déclaré sur sa plateforme Truth Social qu'il parlerait par téléphone à Vladimir Poutine "pour mettre fin au bain de sang", disant espérer "une journée productive" et "qu'un cessez-le-feu aura(it) lieu".
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a, lui aussi, dit lundi vouloir un cessez-le-feu "complet et inconditionnel" de 30 jours, "suffisamment long" dans le temps pour permettre des discussions, et avec "la possibilité d'une prolongation".
Le président russe a repoussé jusque-là toutes les demandes de Kiev de trêve préalable à des discussions, estimant qu'une telle pause dans les combats permettrait aux forces ukrainiennes de se réarmer grâce à l'aide militaire occidentale.
- "Sérieux" -
L'appel Trump-Poutine est "évidemment important", a reconnu lundi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, assurant que Moscou "apprécie beaucoup" la "médiation" américaine dans cet épineux dossier.
Selon lui, Moscou souhaite, "bien sûr", "atteindre (ses) objectifs" en Ukraine "par des moyens politiques et diplomatiques", après plus de trois ans de son invasion qui a entraîné la mort d'au moins des dizaines de milliers de personnes, civiles et militaires confondues.
Avant l'entretien, le porte-parole du Kremlin avait également dit s'attendre à un travail "laborieux" et "peut-être long" en vue d'un règlement du conflit, évoquant "de nombreuses nuances qui doivent être discutées".
Dimanche à Rome, le vice-président américain JD Vance et Volodymyr Zelensky s'étaient entretenus, évoquant ensemble notamment, d'après un haut responsable ukrainien à l'AFP, "les préparatifs de la conversation" entre MM. Trump et Poutine et "un cessez-le-feu".
Cette rencontre était la première entre les deux hommes depuis leur altercation dans le Bureau ovale fin février, aux côtés de Donald Trump, un événement qui avait montré le changement de ton de la Maison Blanche vis-à-vis de l'Ukraine.
Dans son avion de retour vers les Etats-Unis, le vice-président américain a également évoqué les négociations.
"Nous avons conscience qu'il y a une sorte d'impasse ici, et je pense que le président (Trump) va dire au président Poutine: +Ecoutez, est-ce que vous êtes sérieux?", a-t-il déclaré à la presse.
"Si la Russie n'est pas disposée à cela, alors nous devrons finir par dire à terme: +Ce n'est pas notre guerre", a averti JD Vance.
- "Demandes absurdes" -
De leur côté, les Européens, soutiens de Kiev, tentent de faire bloc et de faire pression sur Moscou, menaçant de sanctions "massives" si le Kremlin ne finissait pas par accepter une trêve.
Dimanche, les dirigeants français, britannique, allemand et italien se sont entretenus par téléphone avec Donald Trump, rappelant "la nécessité" d'une trêve "inconditionnelle" et que "le président Poutine (prenne) au sérieux les pourparlers de paix", selon un porte-parole du Premier ministre britannique, Keir Starmer.
Donald Trump a prévu d'informer Volodymyr Zelensky et plusieurs dirigeants d'Etats membres de l'Otan après son entretien avec Vladimir Poutine.
A ce stade, ses efforts n'ont pas permis d'avancée majeure dans le règlement du conflit, déclenché par l'invasion russe en février 2022.
Intransigeant, Vladimir Poutine a martelé dimanche vouloir "éliminer les causes" du conflit et "garantir la sécurité de l'État russe", une référence à l'exigence de Moscou que l'Ukraine soit démilitarisée et ne rejoigne pas l'Otan, que le président russe considère comme une menace existentielle pour son pays.
La Russie "tente de faire les mêmes demandes absurdes" qu'en 2022, a dénoncé lundi le chef de la diplomatie ukrainienne, Andriï Sybiga, sur les réseaux sociaux.
A l'avantage sur le front face à des troupes ukrainiennes moins nombreuses, les forces russes ont revendiqué lundi la prise de deux localités, une dans la région de Soumy (nord-est) et l'autre dans celle de Donetsk (est), épicentre des combats.
K.Bravo--HdM