
Corée du Sud: dernières heures de campagne pour les candidats à la présidentielle

Les candidats à la présidentielle anticipée du 3 juin en Corée du Sud poursuivent jusqu'au dernier moment lundi leurs efforts pour convaincre les électeurs, à la veille d'un scrutin déclenché par la destitution du président Yoon Suk Yeol pour sa tentative désastreuse d'imposer la loi martiale.
Les Sud-Coréens espèrent que cette élection leur permettra de tourner la page après six mois de chaos politique, marqué par des manifestations massives, des rebondissements judiciaires et une succession inédite de présidents intérimaires.
Tous les sondages prédisent une victoire du candidat de centre-gauche Lee Jae-myung, battu d'un cheveu par Yoon Suk Yeol lors de la présidentielle de 2022. Le dernier sondage Gallup autorisé avant l'élection le crédite de 49% des suffrages pour ce scrutin à un seul tour, contre 35% pour le conservateur Kim Moon-soo, du Parti du Pouvoir du Peuple (PPP) — l'ancien parti de M. Yoon.
Les deux candidats ont présenté leur campagne comme un combat vital pour l'âme de la nation, dans une Corée du Sud polarisée à l'extrême.
M. Lee a passé une grande partie de sa dernière journée de campagne dans son fief de la province de Gyeonggi, dont il a été le gouverneur. Il devait se rendre en soirée dans le quartier de Yeouido à Séoul, là où "la révolution de la lumière a commencé", selon ce parti, qui a ainsi baptisé la confrontation entre députés et militaires le soir de la déclaration de la loi martiale.
"Depuis le lieu où la révolution de la lumière a commencé, nous imaginons un avenir pour la Corée du Sud, un avenir qui met fin aux conflits internes, surmonte l'insurrection et fait de notre pays une puissance économique mondiale", a déclaré une porte-parole du Parti démocrate de M. Lee.
- Ultime controverse -
Lee Jae-myung et près de 200 autres députés avaient réussi à se faufiler, dans la nuit du 3 au 4 décembre 2024, dans le Parlement cerné par l'armée et à voter une motion exigeant l'abrogation de la loi martiale, ce qui avait obligé le président Yoon à faire marche-arrière.
Kim Moon-soo a pour sa part entamé sa dernière journée de campagne dans l'île méridionale de Jeju, et prévoyait un événement final dans le quartier branché de Gangnam à Séoul.
La fin de campagne est dominée par des accusations selon lesquelles le Parti démocrate aurait inventé un soutien à M. Lee de la part du célèbre investisseur basé à Singapour Jim Rogers.
Vendredi, les démocrates avaient prêté à M. Rogers une déclaration qualifiant M. Lee de "dirigeant capable d'ouvrir un nouveau chapitre de paix, de prospérité et de leadership mondial". Mais selon les médias sud-coréens, l'homme d'affaires a affirmé n'avoir "jamais soutenu qui que ce soit en Corée".
Malgré cette énième controverse, les experts estiment que M. Lee reste imbattable.
"La course présidentielle est devenue, en pratique, un affrontement entre Lee Jae-myung et ceux qui se mobilisent contre lui", explique à l'AFP Kang Joo-hyun, professeure de sciences politiques à l'université féminine Sookmyung. "Les derniers sondages montrent que Lee a constamment maintenu une avance proche ou juste en dessous du seuil de majorité".
Sur les 44,3 millions d'inscrits, plus de 15 millions ont déjà voté de façon anticipée jeudi et vendredi, selon la Commission électorale nationale.
Le vainqueur de l'élection du 3 juin entrera en fonction dès le lendemain pour un mandat unique de cinq ans, sans période de transition.
D.Prieto--HdM