
Blocages en Bolivie: Evo Morales visé par une plainte pour "terrorisme"

Le conflit qui oppose le gouvernement bolivien à l'ancien président Evo Morales, qui ambitionne de revenir au pouvoir, a franchi un nouveau cap jeudi, avec le dépôt d'une plainte à son encontre pour "terrorisme" et sept autres infractions pénales.
Ce dépôt de plainte intervient après la diffusion d'un enregistrement audio présumé dans lequel une voix, attribuée à l'ex-chef d'Etat, appelle à bloquer les principales routes menant à La Paz, la capitale administrative du pays.
L'enregistrement a été transmis mercredi aux médias par un ancien dirigeant proche de l'ex-président de gauche.
"Parmi les principales infractions dénoncées figurent le terrorisme, l'incitation publique à commettre des infractions et les atteintes à la sécurité des services publics", a déclaré le ministre de la Justice, César Siles, auprès de la presse.
Depuis lundi, les partisans d'Evo Morales bloquent les principales routes du centre du pays, notamment dans le département de Cochabamba, son fief politique.
Ils réclament la démission du président Luis Arce, qu'ils accusent d'être responsable de la profonde crise économique que traverse le pays et d'avoir manipulé le pouvoir judiciaire et le corps électoral pour exclure M. Morales de la présidentielle du 17 août.
Pour le gouvernement, ces barrages visent à empêcher l'élection présidentielle et forcer une candidature de M. Morales, qui a gouverné à trois reprises entre 2006 et 2019 et que la justice a déclaré inéligible pour avoir dépassé le nombre autorisé de réélections.
- "Aucun chantage" -
"Nous n'accepterons aucun chantage", a assuré le ministre Siles.
La loi bolivienne prévoit une peine de 15 à 20 ans de prison pour terrorisme.
Le nombre de barrages ne cesse d'augmenter depuis lundi, lorsque le gouvernement en a recensé une vingtaine. "Il y a plus de 40 points de blocage" dans le pays, a assuré jeudi la vice-ministre de la Communication, Gabriela Alcon.
Selon elle, 30 policiers ont été blessés dans des affrontements avec des manifestants depuis le début de la semaine. Les partisans du premier chef d'Etat bolivien d'origine indigène évoquent aussi des blessés, sans en préciser cependant le nombre.
Le ministre de l'Economie, Marcelo Montenegro, a indiqué de son côté que les blocages causaient chaque jour des pertes de 100 à 150 millions de dollars.
La Bolivie est plongée dans une profonde crise économique, en raison notamment d'une pénurie de carburant provoquée par un manque de devises étrangères.
Evo Morales vit retranché sous la protection de ses partisans dans son fief du centre du pays, dont il n'a pu sortir depuis sept mois, étant visé par un mandat d'arrêt pour une affaire de traite de mineure qu'il nie.
Selon le parquet, il aurait entretenu en 2015, alors qu'il dirigeait le pays, une relation avec une adolescente de 15 ans avec le consentement des parents de cette dernière, en échange d'avantages.
En novembre 2019, le gouvernement de droite de l'époque avait déjà porté plainte contre Evo Morales pour "terrorisme", après la diffusion d'un enregistrement audio dans lequel une voix, attribuée à Morales, ordonnait le blocage des routes du pays, en pleine crise sociale après sa démission.
L'ancien chef de l'Etat avait nié les faits. L'affaire n'a pas été instruite après l'arrivée au pouvoir de Luis Arce, son ancien ministre de l'Economie.
L.Bautista--HdM