Espagne: léger ralentissement de la croissance, qui reste dynamique
Un léger ralentissement, mais une dynamique qui se confirme à rebours du reste de la zone euro: la croissance de l'économie en Espagne a atteint 0,6% au troisième trimestre, profitant d'un contexte porteur qui suscite toujours l'admiration de ses voisins européens en difficulté.
Cette première estimation publiée mercredi par l'Institut national des statistiques (INE) place l'Espagne en bonne position pour atteindre les 2,7% de croissance attendus en fin d'année par le gouvernement du Premier ministre socialiste, Pedro Sánchez.
Au deuxième trimestre la croissance avait atteint 0,8% et 0,6% entre janvier et mars, notamment grâce à une forte progression de la consommation des ménages et de l'investissement des entreprises, sans compter l'activité touristique.
Entre juillet et septembre, c'est la demande intérieure qui a ainsi tiré la hausse du produit intérieur brut (PIB), la demande extérieure baissant de son côté.
Le chiffre annoncé mercredi par l'INE, malgré ce léger ralentissement, confirme le dynamisme de l'économie espagnole, à l'inverse de la zone euro, où les analystes de FactSet attendent pour ce trimestre seulement une croissance de 0,1%.
Depuis de longs mois maintenant, l'Espagne se distingue en effet du reste de la zone euro, où les principales économies -Allemagne, France... - font face à d'importantes difficultés (politiques, industrielles...).
Les données publiées par l'INE "maintiennent l'économie espagnole en territoire positif et marquent une croissance différente de celle de l'économie européenne", relève ainsi auprès de l'AFP Manuel Hidalgo, économiste et chercheur au Centre de politiques économiques à l'Esade Business School.
Il dit toutefois noter une "divergence entre emploi et productivité" typique de "la reprise (économique) espagnole" qu'il faudra suivre dans les prochains mois en cas de ralentissement prolongé: "davantage de personnes en emploi, mais sans amélioration significative de la productivité".
- Vent en poupe -
Dans ce contexte économique jugé favorable par l'ensemble des acteurs, l'exécutif de gauche à Madrid avait revu à la hausse mi-septembre ses prévisions de croissance du PIB du pays pour l'ensemble de l'année 2025, à 2,7% contre 2,6% auparavant.
Cette prévision est proche de celle du Fonds monétaire international (FMI), qui a revu mi-octobre ses attentes de croissance pour le pays à 2,9%, (+0,4 point par rapport à juillet), avant une hausse de 2% en 2026, un rythme bien supérieur à celui des autres pays de la zone euro.
Car l'époque où l'Espagne subissait la crise de 2008 et ses contrecoups — avec un chômage frôlant les 27% début 2013 — puis la chute brutale de l'activité lors de la pandémie de Covid semble désormais révolue.
Le pays profite actuellement de la manne apportée par le tourisme (plus de 22 millions de visiteurs étrangers au total entre juillet et août), de l'investissement des entreprises, notamment étrangères à Madrid, ainsi que de la consommation des ménages.
Le gouvernement insiste également régulièrement sur le besoin d'intégrer sur le marché du travail des centaines de milliers de travailleurs étrangers --notamment d'Amérique latine-- pour compenser le vieillissement de la population active.
Cette bonne santé qui suscite l'admiration des voisins européens lui permet d'afficher un taux de chômage quasiment au plus bas depuis 2008 (mais toujours le plus élevé dans l'UE), à 10,45% au troisième trimestre, et un déficit tout près des limites autorisées par Bruxelles.
L'inflation s'établissait, elle, à 3% en septembre sur un an, selon l'INE.
I.Ponce--HdM