
Mondial de rugby: Morgane Bourgeois, artilleuse en chef des Bleues

Grâce à sa précision face aux perches, l'arrière Morgane Bourgeois est revenue au premier plan du XV de France en 2025 et devrait encore jouer un rôle prépondérant dimanche lors du quart de finale des Bleues face à l'Irlande.
Les joueuses du trèfle, que les Bleues affronteront à Exeter (Angleterre), pour ce premier match à élimination directe, sont bien placées pour se rappeler de l'importance d'une bonne buteuse au rugby, après avoir cru créer l'exploit en revenant à deux points des Françaises (17-15) à dix minutes de la sirène, lors du dernier Tournoi des six nations.
Avec trois essais marqués, mais aucun transformé, les Irlandaises avaient finalement craqué (27-15), les Bleues bénéficiant elles du 100% au pied de la joueuse du Stade bordelais, avec notamment une seconde pénalité à la 72e, de 35 m, et une troisième transformation deux minutes plus tard après l'essai d'Emilie Boulard.
Une pénalité à 35 mètres peut sembler anodine pour un suiveur du rugby masculin, mais la pratique est beaucoup plus rare chez les femmes. Au cours des 60 matches de la saison 2024-2025 des seize équipes qualifiées pour le Mondial-2025, seules 16 pénalités ont été marquées, selon le recensement de la chaîne youtube spécialisée Squidge rugby.
Dont huit par la seule Morgane Bourgeois.
"C'est un moment très solitaire, hors du temps. C'est mon petit moment à moi, pendant le match", décrivait à l'AFP la joueuse de 22 ans, désormais 16 sélections, pendant la préparation du XV de France à ce Mondial anglais.
- Endosser la pression -
Et la meilleure marqueuse du Tournoi 2025 (73 points) d'expliquer sa méthode: "Le plus important, c'est de ne penser à rien. J'essaie vraiment de buter comme si j'étais à l'entraînement sur le terrain un mardi matin au Bouscat (NDLR: le centre d'entraînement du Stade bordelais), qu'il n'y avait personne pour me regarder, et que j'étais tranquille. J'essaie vraiment de retrouver ces conditions les plus simples possibles, pour être relâchée et avoir le geste le plus naturel possible".
Sa précision et sa puissance au pied font d'elle la buteuse principale du XV de France. Et ces deux atouts ont beaucoup joué pour son retour en bleu en 2025, après une année loin de la sélection qui avait entraîné la perte de son contrat avec la fédération française de rugby.
"Je me suis faite petite et je me suis régalée en club", désormais triple champion de France, explique-t-elle sur sa période à l'écart, vécue en parallèle avec Carla Arbez, sa coéquipière au Stade bordelais, elle aussi écartée des Bleues : "Je n'avais quand même que 20 ans sur mes premières sélections, c'est jeune. Il y en a qui sont capables d'endosser cette pression-là, mais à l'arrière, qui est un poste clef, je pense que j'avais besoin d'un petit peu de temps et d'adaptation".
Titulaire lors du premier match du Mondial contre l'Italie (24-0), elle n'a pas débuté les deux matches suivants, contre le Brésil (84-5) puis l'Afrique du Sud (57-10), les deux co-sélectionneurs lui préférant Emilie Boulard pour donner plus de vitesse au jeu des Bleues. Mais elle a donc retrouvé son rôle de titulaire contre l'Irlande.
Petit coup de pouce supplémentaire, elle butera dans un stade connu puisque les Bleues reviennent à Exeter, lieu de leurs deux premières victoires.
"Dans ce stade, les tribunes ne sont pas très hautes derrière l'en-but, donc on a peu de repères, peu de panneaux publicitaires comme on a l'habitude d'en avoir", avait-elle noté avant la rencontre contre l'Italie, terminée sur un quatre sur cinq au pied: "mais on a pu voir deux ou trois éclairages, deux ou trois caméras qu'on visera, et comme ça on aura nos petits repères".
A.Montoya--HdM